Le puceron cendré (Dysaphis plantaginea) devient une menace sérieuse dans les vergers de pommiers. Avec des printemps moins prévisibles, de la chaleur en été, des restrictions d’usage sur les insecticides, et des résistances en hausse, la stratégie de lutte se complique.
1. Un ravageur aux impacts durables
Le puceron cendré provoque :
- un enroulement des jeunes feuilles,
- des fruits pygmées ou déformés,
- un blocage du développement végétatif,
- une baisse du retour à fleur et une alternance de production.
Les dégâts occasionnés en 2025 sont considérables dans beaucoup de vergers, compromettant sérieusement les récoltes.
2. Comprendre son cycle pour mieux l’anticiper
- Cycle dioïque entre pommier (printemps/automne) et plantain (été),
- Œufs pondus à l’automne sur les rameaux,
- Éclosion dès 4,5 °C fin février / début mars,
- Développement très rapide, avec 3 à 7 générations par an.
Deux modélisations de ce cycle en fonction des données climatiques sont disponibles sur notre plateforme du hub.agrimeteo.eu
3. Le printemps : une fenêtre de tir limitée
Les traitements printaniers restent indispensables mais montrent leurs limites surtout depuis l'interdiction de certains insecticides:
- efficacité faible si la colonie est déjà installée,
- contraintes réglementaires en floraison,
- dépendance aux conditions météo.
4. L’automne : une stratégique sous-exploitée
L’approche automnale, jusqu’ici peu explorée, offre aujourd’hui des leviers efficaces et durables pour réduire les pontes automnales et soulager la pression printanière. L’intégration d’actions culturales, physiques, biologiques et numériques devient incontournable.
L’idée : réduire la ponte des œufs d’hiver.
Plusieurs méthodes sont en validation par les essais terrain :
Avant le retour des pucerons ailés:
données du CTIFL LaMorinière
👉 Des pistes intéressantes en biocontrole
Pour des traitements vers la mi-octobre (retour des pucerons) des produits comme FLiPPER®, Limocide, Lovell, Nori Pro montrent une efficacité encourageante allant jusqu'à 2 à 3 fois moins de foyers par arbre au printemps par rapport au témoin non traité.
Les résultats de l'essai à La Morinière sont particulièrement encourageant pour le Flipper appliqué 3 fois en cadence de 7 jours à partir du 23/10/2024 😀
Le suivi des vols retour est la clé du succès:
👉👉 Suivi via des plaques engluées jaunes et frappages sur parapluie japonais,
👈👈 Les pics de vol sont attendues de la mi-octobre à la mi-novembre (selon les régions et les conditions climatiques de la saison)
👉 L'amélioration de la modélisation pour anticiper ce moment critique sera bienvenue 😉
Si la récolte est terminée:
👉 Les barrières physiques à l’argile
- Application après récolte (ex. Surround WP),
- Perturbe visuellement, olfactivement, et mécaniquement les pucerons ailés,
- Réduction jusqu’à 70 % des foyers au printemps suivant dans de bonnes conditions d'application.
👉 La défoliation précoce
- Utilisation de chélates de cuivre ou sulfate de zinc pour autant que l'on ait récolté à la date du retour des pucerons ailés.
- Provoque une chute accélérée des feuilles avant le pic de ponte,
- Réduction de 50 à 99 % des foyers selon les conditions et les produits.
5. Des actions phytotechniques comme leviers
Il n'y a pas que les traitements qui importent pour venir à bout de la menace : rendre les arbres moins appétents pour les pucerons et favoriser la présence d'auxiliaires prédateurs sont des techniques qui rejoignent une approche combinatoire durable.
🌿Réduire la vigueur excessive des arbres (azote, irrigation) les rend beaucoup moins d’attractifs aux pucerons. La preuve en est qu'on constate beaucoup moins en soucis en vergers bios.
🌿Implanter des bordures fleuries augmentent les auxiliaires; on a moins de foyers de pucerons et des essais récents ont montré une réduction des dégâts de 80 % à 48 %.
🌿 Lacher des chrysopes (larves ou œufs)réduit de 50 % des populations d’aphides.
Merci de compléter cette liste en fonction de votre expérience.
Le whatsApp collaboratif VIGI-ARBO est le lieu idéal pour le faire
Conclusion
La lutte contre le puceron cendré ne peut plus se résumer à des traitements printaniers. En combinant :
- suivi du vol retour en octobre,
- perturbation des pontes automnales,
- biocontrôle ciblé,
- pratiques culturales raisonnées,
- conservation des auxiliaires,
… les arboriculteurs peuvent reprendre la main sur ce ravageur difficile à éradiquer, mais possible à contenir dans une approche combinatoire. Les centres d'expérimentation, conseillers techniques et autres travaillent assidument sur le sujet.